Atterrissage de Deneau à Tarbes en janvier 1912.


Deneau atterrit ici dans la cour du quartier Soult.


M. Jean-Marie Danton a rédigé pour ses enfants l'histoire de sa famille. Il a étudié la vie de Lucien Deneau que sa famille a rencontré en 1912. Il a eu la gentillesse de nous envoyer ces quelques lignes :


Document 1.


"Le célèbre Aviateur civil et militaire Lucien DENEAU" (1912)

C'est ainsi que Lucien Deneau (Mainvilliers (28), 14 avril 1886 - Chartres (28), 2 mars 1971), pilote casse-cou des débuts de l'aviation, se présente sur cette carte postale, crânement appuyé sur l'hélice de son Blériot.


Au verso, il écrivait au général Auguste Michaux, votre arrière-grand-père, alors en garnison à Tarbes [1] :
" Mon général Je vous demanderais si vous pourriez me donner l'autorisation de voler sur le champ de manœuvre le 25 Décembre Pour y faire une exibition Dans l'espoire Recevez mon général l'assurance de mes sentiments distingués "
La carte est signée L Deneau aviateur à Jurançon, Basses Pyrénées ; elle évoque de précédents exploits de "1911", erreur de date ou de légende fréquente sur les cartes postales de l'époque, ces vols ayant eu lieu, aux jours indiqués, mais en 1912 [2]. Bien que non datée, elle est de fin 1912, votre arrière-grand-père ayant quitté Tarbes début 1913.
Il n'y a pas trace d'un vol le 25 décembre 1912 dans les carnets AM. Peut-être ne fut-il pas autorisé. Ces manifestations n'étaient pas sans risques, pour l'aviateur, mais aussi pour les spectateurs. Maurice Berteaux, ministre de la Guerre, grand ami de votre arrière-grand-père depuis 1871 où ils avaient été ensemble à Bourges au 1er R.A., avait été tué le 21 mai 1911, alors qu'il assistait au départ de la course d'aviation Paris-Madrid, où un concurrent dut tenter un atterrissage d'urgence.
Ces risques entraînaient des contraintes dont AM se fait l'écho, le 17 août 1912 : " J'étudie une halte d'atterrissage pour aéroplane (…) il y a des difficultés ; le ministre pose des conditions ainsi que les sapeurs. "
Mais Deneau avait pu atterrir deux fois, en janvier 1912, à Tarbes, dans les quartiers des régiments d'Artillerie. Auguste Michaux l'a raconté dans son carnet 89 (Tarbes, lundi 1er janvier 1912 - mardi 30 avril 1912).


Document 2. [http://www.cartes-postales-anciennes.eu/guerre/guerre.html# ; le 8 janvier 1912, et non le 7]

" À peine levé, écrit-il le 1er janvier, j'ai eu la visite de l'aviateur Deneau, auquel X. retire l'autorisation de voler sur son pré, après la lui avoir accordée ; c'est bien du … juif ; je l'ai autorisé à se servir du champ de manœuvre de l'Infanterie.

Jeudi 4 janvier 1912 : " La brume était tellement épaisse que Deneau, malgré toute sa bonne volonté, n'a pu voler ; il a dû se contenter de rouler quelques centaines de mètres pour faire voir le fonctionnement de l'appareil ; il paraît très habile, très sûr de lui, le Cercle lui a voté une indemnité de 100 frs, car je crois qu'il n'a pas fait ses affaires à Tarbes ; il part ces jours-ci pour Castelnau-Magnoac je souhaite qu'il soit plus heureux. "
Samedi 6 " Deneau devait venir atterrir à 2h ½ au quartier du 24ème, la pluie et le vent qui s'est élevé vers 2h, l'ont empêché de faire cette descente sensationnelle; la foule en a été pour son déplacement ; le pauvre garçon n'a pas de chance. "
Deneau put atterrir le surlendemain.
Lundi 8 " L'aviateur Deneau est venu atterrir au quartier du 24ème il a fait cela très élégamment et ça n'était pas un jeu. Le photo[graphe] Garasse ( ?) m'a envoyé quelques épreuves de photos prises jeudi à l'aviation elles sont très bonnes et j'y suis très reconnai(ssa)ble. "
Nous avons plus de détails sur la démonstration du mardi 16, dont AM fait un compte rendu très vivant :
" À 3 heures l'aviateur Deneau est venu atterrir dans la cour du quartier ; c'est un exploit ; il s'est arrêté à un mètre du mur de la pelote basque. Il y avait foule aux grilles et dans le quartier. Son arrivée a été des plus impressionnantes : à une vitesse énorme, il est venu passer entre les bâtiments Écuries du 10ème Hussard distants de 20 mètres alors que son appareil a 9 mètres d'envergure ! puis il a volé au ras-de-terre jusqu'au milieu de la cour, mais sa vitesse trop grande l'emportait sur le mur de la pelote basque, il a alors quitté son siège et s'est jeté en arrière pour augmenter l'adhérence de la béquille et est venu s'arrêter à 1 mètre du mur, aux applaudissements de tous. Je suis allé le féliciter, puis une nuée de photographes nous ont pris autour de l'appareil, Madame Deneau entre lui et moi."
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Le site http://www.loucrup65.fr/pgie3921.htm a mis en ligne une photographie prise, malgré la date indiquée, lors de ce dernier exploit, qui eut bien lieu au quartier Larrey du 14ème régiment d'Artillerie.



Document 3.


Le site http://www.corpusetampois.com/cpa-es-modernphoto.html précise que Lucien Marcel Armand Deneau, avait suivi les cours de l'École Blériot à Étampes, et obtenu le brevet civil de pilote de l'aéro-club de France n° 615, le 8 septembre 1911. Son brevet de pilote militaire n° 71, est donc vraisemblablement de fin 1911 [3]. Cet exploit de l'aviateur ne put donc avoir lieu le 16 janvier 1910, mais bien le 16 janvier 1912, comme le confirment les carnets de votre arrière-grand-père, le général Michaux, qui est au centre de la photo ; à sa droite, Deneau et son épouse.
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" Nous sommes allés ensuite au Cercle des Sous-Officiers où nous lui avons offert une coupe de champagne, ainsi qu'à Mme Deneau, aux journalistes et aux photographes. J'ai fait un petit discours en portant [un toast] à la santé de ce hardi et habile garçon ; puis nous sommes revenus dans la cour d'où il est reparti d'une façon absolument em.poignante. Il a fait un grand cercle et est revenu passer au-dessus du quartier aux applaudissements enthousiastes de tous. C'est une jolie prouesse. Évidemment ce garçon est apte, en temps de guerre, à rendre d'immenses services. J'espère qu'il n'aura pas d'accident. J'ai remis à Madame Deneau le bouquet qui était sur la table avec le corps d'obus qui le contenait. "
AM parle encore de Deneau le 21 janvier 1913 : " Je pense que l'aéroplane a pu voler par ce beau temps ; je lui avais envoyé la musique de l'Infanterie. (…) il paraît qu'il a eu une journée réussie et que cela lui a rapporté."
J'ai pris sur le site http://www.earlyaviators.com/edeneau.htm, qui présente d'autres photos de Deneau et de son Blériot, le beau document ci-dessous.


[1] Avril 1908 - mars 1911 : colonel, commandant le 14ème R. A.
Mars 1911 - février 1913 : général de brigade, commandant l'Artillerie du 18ème Corps d'Armée.
 


[2] Certains tirages (Voir ci-dessous) d'une autre carte postale de Deneau corrigent cette erreur et datent bien ces atterrissages de janvier 1912 :

[3] Brevet de pilote militaire :
Des épreuves furent organisées à partir du 18 mars 1911 pour l'attribution d'un brevet spécial appelé brevet de pilote militaire. Des pilotes déjà en possession du brevet de l'Aéro-Club de France y prirent part et dès la fin de l'année suivante, 139 brevets militaires avaient été délivrés (http://aviatechno.info/brevets/premiere.php).



Document 5.


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Document 4.

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Lucien Deneau

Lucien Deneau, d'après cette photographie, pourrait être considéré comme le premier pilote à avoir atterri dans les Hautes-Pyrénées. On le voit ici en compagnie de son épouse. Il est écrit 16 janvier 1910 - Tarbes.


La date semble erronée sur cette photo. M. Jean-Marie Danton, qui a étudié la vie de Lucien Deneau, nous indique qui faut lire 1912 (voir plus loin).


Lucien Deneau était un aviateur civil et militaire de l'école Blériot. Il est venu voler à Tarbes en 1912 (vol à 10 heures du soir sur la ville de Tarbes le 21 février 1912).